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VOYAGE EN NAVARRE.

odieux. Dispersés en guérillas, au nombre d’environ trois mille, non moins alertes que les volontaires nationaux, comme eux vaillans, infatigables, connaissant parfaitement le pays, ils parcouraient les montagnes en chantant la Marseillaise et réalisaient partout, à leur passage, les proclamations féroces de Mina. Mon guide, avant le retour de ses espions, ne voulait point s’exposer à s’approcher de Vera, de peur de tomber entre les mains de ces bandoleros.

Nous nous trouvions à quelque distance de Sare. Ce village, le dernier du Labourd français, touche à la Navarre espagnole : son territoire se confond avec celui de Vera, sans qu’aucune limite naturelle marque, dans les Pyrénées, la séparation des deux royaumes. Une pierre-borne, plantée sur la Rhune, divise politiquement ce que la nature avait uni. Mon guide voulait me conduire à Sare, et me laisser, pour la nuit, dans la maison d’un de ses affidés : je préférai demander tout simplement l’hospitalité dans une maison voisine que je ne voyais point, à cause