terrible. Je compris l’invitation ; et à la satisfaction marquée du guide, j’engageai avec le contrebandier un dialogue allégorique, en imitant les inflexions variées et la note éclatante qui caractérisent le langage des montagnards. Je crois même que je feignis l’ivresse comme le hachero : le guide paraissait enchanté. Périsse le Navarrais plutôt que de dépouiller les instincts de sa race !
J’ai peint la jeunesse labourdine se rendant à la ville le matin par couples amoureux ; les filles et les garçons se séparent au soir, et le retour n’offre plus sur les chemins que les groupes de l’amitié. Ce sentiment de l’amitié, éminemment social, n’a jamais présenté parmi les Ibères le caractère exclusif et vicieux dont il fut terni chez les anciens peuples. Un ami s’appelle en langue basque Adis-Khide, égal d’âge, et dans cette famille patriarcale et libre, la population se trouve naturellement classée sur une échelle de subordination morale, dont l’âge détermine les degrés ; l’amitié se compte par générations :