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VOYAGE EN NAVARRE.

ver au contrebandier. Il s’approcha de moi lentement, et se penchant à mon oreille d’un air mystérieux : « Mille pardons, monsieur, chacun a sa curiosité. N’est-il point vrai que vous venez d’où vous savez pour aller partout où cela vous conviendra, fût-ce même en Espagne ? — A cette question, je restai sérieux, et répondis par un signe de tête, pour l’inviter à me suivre. C’est ce qu’il fit sans hésiter, en tirant de sa poche un tuyau de pipe cassée, dont la vue excita de nouveau sa fureur. Il se retourna brusquement du côté de la boutique ; et de sa poitrine vibrante sortit le cri des montagnards : Achut! exprimant la menace et le dédain. Je crus qu’il allait recommencer son tapage ; mais il ne tarda point à me joindre, et marchait à mon côté d’un pas aviné, tandis que les bouts ferrés de nos bâtons traînaient de compagnie sur le pavé. Le contrebandier prononçait, chemin faisant, mille phrases décousues en guise de soliloque, tantôt à demi-voix, tantôt haut et fort, en toisant quelque passant d’un air farouche. —