l’œil chaque Basque ; j’aurais voulu leur parler à tous : les scènes les plus indifférentes m’inspiraient de l’intérêt. Je vis arriver une jeune Labburdine : elle s’arrêta pour essuyer avec un mouchoir la poussière de ses pieds nus, chaussa coquettement de petits souliers de velours noir qu’elle tenait à la main, puis, redressant une taille svelte, laissa voir le plus piquant minois de brune, un peu hâlé par le soleil. Son mouchoir fin de linon, artistement replié derrière la tête et noué en rosette sur le front, était surmonté d’un tout petit chapeau de paille, garni de rubans : coiffure charmante, que le caprice de la mode parisienne honora jadis d’un suffrage, et que le goût allemand s’empressa d’adopter. Pendant que je rêvais à ces jolies blondes d’Allemagne, coiffées à la biscaïenne , un sous-officier de la garnison s’approchait de la jeune fille, et lui adressait quelques mots flatteurs ; elle répondit, folâtre et rieuse. Mais un observateur dangereux, grand gaillard de vingt-cinq ans, auquel le galant caporal n’avait point pris garde,
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VOYAGE EN NAVARRE.