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VOYAGE EN NAVARRE.

arrieros qui parcourent les rues, suivis de leurs mulets chargés , l’aspect des magasins et les balcons dont la plupart des maisons sont ornées, donnent à Bayonne un air de ville espagnole : cette impression devient plus sensible par le vide et la solitude que la ruine de son commerce y laisse régner aujourd’hui. A mon entrée dans la ville, les accents de diverses langues frappèrent mon oreille., et firent harmonie avec les bigarrures de sa population. Les Gascons s’y faisaient reconnaître à leur patois, à la cynique énergie de leurs jurons, et surtout à la trivialité de leur allure. J’aperçus dans les promenades publiques quantité d’officiers castil. lans, du parti de la reine, dont la tournure gauche et le teint olivâtre contrastaient singulièrement avec la bonne mine, l’air martial et la tenue élégante des officiers français. Quelques réfugiés espagnols, enveloppés de leurs manteaux, fumaient la cigarette au soleil, graves et taciturnes. Les Basques, partis dans la matinée des villages voisins, arrivaient par groupes