si ce n’est le culte superstitieux, avec ses légions de prêtres et de moines ; rien de monumental, si ce n’est les églises. Au bruit incessant des cloches, on dirait des voix aériennes chargées de proclamer, à chaque instant du jour, le génie dominateur de la contrée. Un souffle de malédiction semble planer sur ces champs arides et ces villes solitaires, où l’on croit entendre encore la psalmodie des inquisiteurs, et voir luire, au milieu des places publiques, les flammes de leurs bûchers.
La Castille a l’Ebre pour limite du côté des Pyrénées. Ce fleuve est resté navigable jusqu’au moyen âge ; ses eaux, depuis quelques siècles, ont éprouvé le même décroissement que celles de la Garonne. Les montagnards qui avoisinent ses sources racontent qu’à l’approche des orages de profonds roulements se font entendre dans les entrailles des vallées, comme si la lutte de quelques feux souterrains correspondait à l’agitation de l’air extérieur ; et l’eau du fleuve jaillit alors, trouble et fumante, entre les rochers. L’Ebre conserve, à la distance de plusieurs lieues,