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ET A LA CHINE. Liv. IV.

immense : à sept lieues de la bouche du Tigre, on apperçoit la Tour du Lion. Les grands vaisseaux sont obligés de s’arrêter devant pour attendre la haute mer, parce qu’on y trouve une barre sur laquelle il n’y a que dix-sept pieds d’eau. Les Chinois y ont une batterie de quelques piéces de canon en très-mauvais état.

Dès qu’on aborde à Wampou, deux douanes ou pataches viennent s’amarrer le long du vaisseau chacune de son côté, de manière que rien ne peut entrer ni sortir sans avoir été fouillé par elles. Quand on veut se rendre à Canton, on est obligé de prendre un passeport du Douanier, visé de quatre autres Douanes, où on est également fouillé avec autant d’exactitude qu’à la première. Ce n’est que dans les canots des Capitaines qu’il est possible de frauder : comme ils ont le droit de porter pavillon, ils passent sans s’arrêter aux autres Douanes, après avoir été fouillé à Canton, & s’être muni d’un passeport ; alors ils font venir le chef de la Douane à la loge, & traitent avec lui ce qu’ils veulent frauder : on embarque publiquement le tout, & bientôt à la faveur du pavillon & de la nuit, on arrive à bord sans éprouver la moindre contradiction.

Aucune marchandise ne peut être embarquée ni déchargée, que le vaisseau n’ait été mesuré ; cette opération se fait avec un grand appareil. C'est l’Opeou[1] qui vient le mesurer lui-même ;

la veille il se fait annoncer par le Fiador[2] & le

  1. (a) La charge d’Opeou répond à celle d’Intendant de province
  2. (b) Le Fiador est chargé de fournir les cargaisons ; il répond de la Nation avec laquelle il doit traiter, & si quelque Européen vient à manquer, c’est à lui que la justice a recours.
Tome II.
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