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VOYAGE AUX INDES

venue à le rétablir plusieurs années après cette époque.

Lorsqu’à l’exemple des Portugais les autres Nations Européennes tentèrent de faire le commerce de la Chine, les Chinois convaincus de leur foiblesse, virent la necessité d’établir un ordre qui contient des Étrangers avides de leurs productions ; sans cet arrangement, une seule poignée d’homme pouvoit détruire leurs bâtimens, brûler leur villes, & les réduire à la misère, en leur fermant le débouché des objets qu’ils portent à Canton à grands frais.

Les vaisseaux qui vont à la Chine sont obligés de mouiller à Macao, & d’attendre le Pilote qui doit les remonter. Il apporte avec lui leur chappe[1], ensuite il adore & consulte son Pouffa[2], puis il fait lever l’ancre, & l’on entre dans la rivière. Après avoir fait quinze lieues, on prend celle du Tigre, nom qui lui fut donné, parce qu’on crut appercevoir certaine ressemblance entre la gueule de cet animal, & la forme d’une des isle située à son embouchure. Un fort élevé des deux côtés en défend l’entrée. Là un Douanier se présente, suivi de deux ou trois soldats qui restent à bord à la charge du bâtiment, jusqu’à ce qu’il mouille à Wampou. Les deux rives que l’on cotoye, fertilisées par mille ruisseaux, sont ensemencées de riz. Quelques habitations éparses, que les montagnes brûlées font ressortir à la vûe offrent un coup d’œil pittoresque, mais on est affligé de voir le terrain le plus propre à la culture couvert de tombeaux, dont chacun remplit une espace

  1. (a) Passeport où il est dit qu’il est permis à ces barbares de se soumettre aux loix de l’empire, & d’y faire le commerce.
  2. (b)C’est leur Dieu sous le nom de Niniso, qu’ils représentent toujours avec un gros ventre.
immense :