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ET A LA CHINE. Liv. IV.

le tombeau d’un ches cruel & sanguinaire qui, pour découvrir les mystères de la génération, avoit fait ouvrir le ventre à plusieurs femmes enceintes, ils crurent que son ame avoit passé dans le corps de ces reptiles. A la baye d’Antongil, on révère un Badamier qu’on dit être sorti des cendres d’un chef bienfaisant.

Quelques-uns sans avoir la moindre idée de Mahomet, se disent Musulmans, parce qu’ils trafiquent avec des Arabes qui viennent leur enlever l’argent que les français leur apportent toutes les années, en y allant acheter des esclaves, des bœufs, & deux ou trois millions de riz. Ceux-là joignent au Mahométisme les superstitions les plus extravagantes ; on les circoncit dès leur enfance ; cette cérémonie ne se fait que tous les trois ans : elle amène un grand jour de fête, dans lequel on assemble les enfans de tous les environs pour les mutiler. Le chef fait tuer plusieurs bœufs, & fournir le tok[1] : tant que les provisions durent, la fête est brillante, mais dès qu’il n’y a plus à boire, chacun retourne dans son village.

Semblables à presque tous les peuples sauvages, les habitans de Madagascar regardent les éclipses comme des présages de quelque grand malheur ; mais ils sont rassurés par l’idée qu’il ne doit tomber que sur les personnes d’une condition relevée.

A la naissance des enfans, ils tirent les augures ; & s’ils ne sont pas favorables, ils les exposent dans les bois à la merci des bêtes féroces.

On croiroit ces peuples adorateurs de la mer, par la céré-

  1. (a) Boisson faite avec des cannes à sucre, & dans laquelle il entre du Bela-aye, dont les propriétés sont les mêmes que celles du Simarouba ; ils font encore une espéce d’eau-de-vie de riz très-forte & aussi claire que l’eau de roche.