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VOYAGE AUX INDES

L’habillement des Madégasses est une simple pagne[1], longue de trois aunes, qu’ils mettent sur leurs épaules, & dont les deux bouts tombent par-devant : les chefs en portent en soie ou en coton, garnies à leur extrémité de franges & de verroterie, ou de grains d’étain ; ils se couvrent la tête avec une calotte faite de joncs. Les femmes se ceignent les reins d’une toile bleue de trois ou quatre brasses, ce qui sait l’effet d’un jupon ; par-dessous elles portent toujours une toile blanche plus ou moins grande par propreté : elles ont aussi une espéce de corset ou demi chemise de toile bleue, qui ne descend qu’à la moitié du sein, & qui est orné par-devant de plusieurs plaques d’or ou d’argent qui servent d’agraffes. Elles portent des pendans d’oreilles, & ont aux bras des anneaux d’argent & de verroterie, & au col des chaînes d’or ou d’argent, travaillées dans le pays.

Leur nourriture à Foulepointe est le riz, qu’ils mangent avec du poisson, ou avec une poule dépecée, cuite dans l’eau ; ils mettent dans le bouillon quelques feuilles de Ravensara[2], & un peu d’eau de mer, car ils ne connoissent pas le sel. Dans l’intérieur de l’île, ils se servent de la feuille d’un arbre que nous connoissons sous le nom d’arbre de sel. Des feuilles de bananier leur servent de nappes & de plats ; on met dessus d’un côté le riz, & de l’autre la viande : pour manger le riz, ils se servent aussi d’un morceau de feuille de bananier, replié

  1. (a) Étoffe faite avec les feuilles du Raphia ou Mouphia, espéce de Palmier, qui m’a paru être le même que le Sagou des Moluques ; on connaît en Europe ces étoffes sous le nom d’étoffes d’Écorce d’arbre, quelques-unes surpassent par leur finesse nos plus beaux camelots.
  2. (b) Voyez sa description, à l’article des Plantes, Liv. v.