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VOYAGE AUX INDES

mune dans tout l’Orient n’est que tolérée au Pégû ; elle y est même défendue par la Religion. Cependant on y trouve des couvens de femmes publiques, où chacun peut choissir pour son argent. Les femmes convaincues d’adultère sont forcées d’entrer dans ces couvens & de s’y prostituer [1]. Les hommes suivant la loi, doivent être punis de mort, mais il se rédiment avec de l’argent.

Le femmes du peuple vont presque nues ; il ne leur est permis de porter qu’une espéce de jupon qui ne descend qu’aux genoux : passé par derrière, il n’est pas assez ample pour croiser tout-à-fait le devant, de manière qu’une femme qui marche montre jusqu au haut de la cuisse. Les femmes des Seigneurs en portent de plus ou moins long, suivant le rang qu elles occupent. On brûle généralement tous les morts ; mais les Grands & les Talapoins renommés pour leur science, sont préalablement embaumés & mis dans des cerceuils de plomb. Souvent on ne les porte au bûcher que six mois après leur trépas.

Les voyages au Pégû ne sont plus si lucratifs qu’ils l étoient autrefois. Pour faire quelque bénéfice, les vaisseaux que le commerce attire, sont obligés de passer à Achem, où ils portent des fusils, de la poudre, de petits canons, de grosses toiles de quinze conjons, du fil d’or, du galon & du drap ; ils prennent en échange du benjoin, du camphre & de l’or, sur lequel on ne gagne aujourd hui que quatre pour cent ; les autres objets rendent peu de chose. Le bénéfice de la vente

  1. (a) A Rome les femmes convaincues d’adultère étoient renfermées dans une espéce de cachot près des portes de la ville ; là elles étoient abandonnées à la brutalité des libertins.