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ET A LA CHINE. Liv. IV.

se vit forcé de se rendre. Le vainqueur usa de stratagême pour s’en défaire. Il étoit dit dans les annales, que celui qui mettroit une couronne sur la Pagode de Rangon, vaincroit tous ses ennemis, & seroit reconnu pour le Roi le plus puissant. Il en fit faire une d’or enrichie de diamans & de rubis, aussi pesante que lui, sa femme & ses enfans ; après l’avoir placée sur le cône de la Pagode en présence du Roi prisonnier, il lui demanda s’il le reconnoissoit pour son maître ; & sur sa réponse négative, il lui fit trancher la tête.

Pendant ces troubles, les Anglais se fortifièrent dans leurs établissemens de Bacim & de Negrailles : comme ils étoient les seuls Européens qui se fussent avisés de construire des forts, ils devinrent suspects au nouveau Roi, qui les attaqua plusieurs fois à la tête des Barmans ; mais il fut toujours repoussé : enfin, employant contre eux les Français, qu’ils avoit retenus prisonniers, il les chassa totalement de son royaume.

On sait que la misère & la dépopulation sont les suites inévitables de la guerre. Lorsqu’Alompra voulut jouir du fruit de ses travaux, il s’affligea de ne régner que sur des ruines. Pour y remédier, il ne vit d’autre moyen que de faire la conquête de Siam, & de répandre dans ses États les hommes que cette conquête lui soumettroit ; en conséquence, il partit suivi de quarante mille hommes : dans sa route, il s’empara de Tavaye, de Tenassérin & de Merqui. Bientôt il pénétra jusqu’à Siam, dont il fit le siége ; & sans doute il auroit triomphé, si une dyssenterie, produite par les fatigues d’un siége long & pénible, ne l’eût emporté en Septembre 1760, dans la cinquantiéme année de son âge.

Ses fils l’avoient suivi dans cettte expédition, firent em-

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