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ET A LA CHINE. Liv. IV.

Leur porcelaine l’emporte-elle sur celle de Séve & Saxe ?

Les Belles-Lettres y sont encore dans l’enfance, malgré la prodigieuse quantité de Lettrés. Leur Encyclopédie prouve combien ils sont inférieurs en ce genre aux Nations européennes, & même aux Indiens : elle traite particulièrement de la manière dont on doit apprendre à connoître les jours heureux & malheureux ; de quel côté le lit doit être placé dans la chambre ; à quelle heure on doit manger, sortir, nétoyer la maison, &c. Cette Nation n’acquerra jamais de vastes connoissances parce qu’il est impossible que des gens dont la vie ne suffit pas pour apprendre leur langue, soient jamais instruits.

Confucius, ce grand Législateur qu’on élevé au-dessus de la sagesse humaine, a fait quelques livres de morale adaptés au génie de la Nation, car ils ne contiennent qu’un amas de choses obscures, de visions, de sentences & de vieux contes mêlés d’un peu de philosophie : tous les manuscrits que les Missionnaires nous ont envoyés pour être des tradudions de ses ouvrages, ont été fait par eux.

Confucius établit une secte ; les Lettrés, & tous les soi-disans sages la composent : il est regardé comme le plus grand Philosophe que l’Empire Chinois ait produit. Ses ouvrages, quoique pleins d’absurdités, sont adorés ; & lorsqu’un particulier ouvre une école publique, il la dédie à Confucius.

Confucius & ses descendans ont écrit des milliers de sentences qu’on a accommodées aux événemens, comme nous avons interprété celles de Nostradamus & du Juif-errant. Aujourd’hui, en France, il n’y a que les bonnes femmes & les enfans qui y croient, à la Chine, c’est d’après elles qu’on dirige toutes les opérations.