Page:Sonnerat - Voyage aux Indes orientales et à la Chine, tome 2.djvu/54

Cette page n’a pas encore été corrigée
28
VOYAGE AUX INDES

& que ces prétendus bâtimens, en doublant le Cap de Bonne-Espérance, se soient vus dispersés par une tempête qui les fit périr ou jetter au plein. Les Chinois seroient en plus grand nombre dans cette partie de la côte d’Afrique si cette anecdote étoit vraie : ceux qui s’y trouvent en très-petite quantité, sont natifs de Batavia, ou descendent de ceux qui s’y sont établis.

C’est peut-être un grand bien pour cet Empire, d’avoir conservé ses anciennes habitudes. Si les Chinois étoient devenus bons marins, ils auroient découvert des pays qui ne leur étoient point connus, & de fréquentes émigrations en auroient été la suite. Le Gouvernement semble les avoir prévues, puisqu’il a fait des loix qui défendent les voyages dans les pays étrangers, & déclarent infâmes ceux qui sortent du royaume. Ceux qu’on voit établis aux Philippines, à Malacca, à Batavia, descendent des Chinois qui désertèrent leur patrie, quand les Tartares s’en rendirent les maîtres, afin de ne pas se laisser couper les cheveux.

Leur musique est aussi mauvaise que chez les Indiens : celui qui fait le plus de bruit est le meilleur musicien.

Jamais ils n’ont pu faire ni montre ni pendule, quoiqu’ils s’y soient exactement appliqués, & nos ouvrages les plus grossiers en ce genre, excitent leur admiration.

Ils doivent à la Nature la beauté de leur vernis.

Leurs soieries que l’on admire ici, parce qu’elles viennent de loin, & qu’elles sont à très-bon compte dans le pays, ne pourroient pas souffrir de comparaison avec celles de nos manufactures de Lyon ; quant aux métiers dont ils se fervent pour les faire, ils sont bien loin d’avoir la simplicité des nôtres, & ils ne les doivent qu’aux lumières des Jésuites.