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VOYAGE AUX INDES

la Guienne ne cultivoit des vignes que pour elle, & même pour la France, la moitié resteroit inculte.

On a long-tems disputé pour savoir si le commerce de la Chine étoit avantageux aux cinq Nations Européennes qui y portent leur argent ; il est sûr que tout commerce & échange de l’or & de l’argent contre des marchandises, est onéreux pour un État ; si elles n’y alloient pas, les dames n’en porteroient pas moins des gazes & des blondes ; nos manufactures de porcelaine & de belles poteries auroient plus d’activité ; nos plates aromatiques suppleéroient au thé ; nous avons vu les Chinois eux-mêmes lui préférer notre sauge.

Le commerce des Européens en Chine peut monter pendant la paix de vingt-quatre à vingt-six millions. Les François y envoient deux vaisseaux & y portent deux à trois millions ; la Compagnie Angloise y envoie quatre, six, & quelquefois huit vaisseaux, sans compter quinze à vingt vaisseaux de côte. La Compagnie y porte quatre millions en argent, & trois millions en drap ; les Négocians Anglois de Bengale, Madras, Surate, Bombaye & Cambaye, y portent deux millions en argent, & deux millions en coton, calin, opium & rotin ; les Hollandois y ont toutes les années quatre vaisseaux, ils y portent quatre millions en argent, & deux millions en productions de leurs colonies ; les Suédois ainsi que les Danois, n’y envoient que deux vaisseaux, & y portent chacun deux millions ; le Roi de Prusse y envoyoit autrefois un vaisseau, mais depuis long-tems on n’y voit plus son pavillon ; les Espagnols de Manille, & quelques Portugais de Goa vont aussi en Chine, mais ils n’y achétent que le rebut des autres Nations : leur