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ET A LA CHINE. Liv. IV. 121


Leurs armes sont l’arc & les fléches, le carquois & le bouclier : l'arc est d'un bois élastique très-léger & fibreux ; ils l’ornent d'anneaux faits avec du rotin : c’est aussi du rotin préparé qui sert de corde. Les fléches sont d’un roseau élastique & léger, & la pointe est d’un bois dentelé très-dur; quelquefois cette pointe est l'arête ou premier rayon épineux de la nageoire dorsale d'un gros poisson.

Les carquois sont d'écorce d'arbre, les boucliers d’un bois noir très-dur; ils sont couverts de dessins en relief, faits avec de petits coquillages d’un très-beau blanc. Ces boucliers sont longs, plus étroits au milieu qu’aux deux bouts.

Leurs bateaux sont d’une structure ingénieuse & singulière ; ils ont jusqu’à soixante-dix & quatre-vingt pieds de long, les deux bouts extrêmement exhaussés, s’élèvent jusqu’à vingt pieds au-dessus de l’eau; le gouvernail n’est qu’une longue rame placée en dehors, & soutenue sur un échafaud, le corps du bateau est un assemblage de planches, qui ne sont ni jointes ni clouées, mais simplement assemblées & retenues par des cordages faits avec du rotin : aux deux côtés du bateau tons attachées deux aîles horisontales qui servent à le soutenir quand la mer est grosse. Dix hommes assis en travers sur ces aîles donnent le mouvement au bateau, & le font voguer à coup de pagaie, d'une vîtesse incroyable, l’art des rameurs consiste à frapper l’eau tous en même-tems, dans une parfaite égalité, c'est-sans doute pour cette raison que pendant tout le tems qu’ils rament, ils s’excitent par des chantons ou se soutiennent par le bruit d’une espèce de tamtam : la mesure entretient la précision de leurs mouvemens. Les voiles sont faites de plusieurs nattes de forme oblongue, & elles font mises en travers sur le mât.

Tome II. O