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               ET A LA CHINE. Liv. IV.                              109


Les Manillois sont bazanés, grands & bien faits ; leur habillement est une chemise de toile faite avec les filamens de l’abaca, espèce de bananier ; cette chemise est fort courte, & passe par-dessus un grand caleçon très-large ; mais leur grand luxe est d’avoir des mouchoirs rouge brodés, de la plus grande finesse : ils en portent ordinairement trois, un à la tête, l’autre au col, & ils tiennent le troisième à la main. Les Anglais les font fabriquer à Madras exprès pour eux.

Les femmes portent une espèce de petite chemise qui ne va pas jusqu’au nombril, avec un mouchoir sur le col qui n’est point arrêté ; une toile blanche fait le tour du corps, & est retenue par un bout à la ceinture, elles recouvrent cette toile d’une autre étoffe de couleur, que les habitans de l’île Panay fabriquent ; par-dessus tout cet habillement, elles portent une mantille pour l’ordinaire noire, qui les couvre depuis la tête jusqu’aux pieds : leurs cheveux qui sont noirs & de la plus grande beauté, tombent quelquefois jufqu’à terre ; elles en ont le plus grand soin, les oignent d’huile de coco, les entortillent à la manière chinoise, & en font vers le haut de la tête un nœud qui est retenu par une épingle d’or ou d’argent. Leurs chaussures, sont des pantoufles brodées si petites, qu’elles ne couvrent que le bout du pied.

Les maisons des Indiens de Manille sont faites de bambou & couvertes en feuilles de bananier; elles sont portées sur des piliers de bois élevés de huit à dix pieds de terre, & l’on y monte par le moyen d’une petite échelle qu’on retire tous les soirs. L’usage d’élever ainsi les maisons, a pour but de se garantir de l’humidité, mais celui d’enlever les échelles qui servent à y monter, est de se mettre à l’abri des bêtes féroces,