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               ET A LA CHINE. Liv. IV.                              107


que la mer menace de submerger ; son port n’est point à l’abri des vents de Nord & Nord-Nord-Oueſt. Il eſt infecté d'une eſpèce de vers qui s’attachent aux vaiſſeaux, & les mettent en peu de tems hors d’état de tenir la mer. Pour dernière incommodité, on eſt obligé d’aller faire de l’eau fort loin, & d’ex-pédier pour cela des bateaux plats du pays, qui peuvent ſeuls entrer fort avant dans la rivière.

Les trois quarts de la ville, peu confdrable par elle-mme, font occups, comme toutes les poneffions Efpagnoles, par des Couvents; on en appelle les dehors le fauxbourg S. Roch. C’eft un amas de quelques maifons faites de bambou, & couvertes de feuilles de bananiers; cependant on y voit les reftes d’une églife qui parot avoir t aflz belle : les Maures qui fe réunirent aux Anglais en 1762, la dtruifirent ; & ce lieu autrefois refpe, eft devenu le repaire des animaux.

Les Eſpagnols ont dans l’île de Luçon pluſieurs étabiſſlemens. On croiroit qu’ils n’ont pas voulu y tablir des colonies, car ils n’y ont envoy que des Moines, & femblent n’avoir eu d’autre but que de propager la Religion Catholique : aufi les peuples qui fe font fournis au joug Efpagnol, offrent peine quelques traits d’une nation police ; languiffant dans l’inaaivit, ils font fans nergie, &-paroiuent indiffrens la pratique des vertus & l’habitude des crimes. Lapareffe, l’abandon de ton tre, & la timidit conftituent leur carare, & la misre leur tat habituel ; mais il y a des endroits o les Efpagnos n’ont pu pntrer: envain ont-ils tent de foumettre les peuples qui s’y font retirs; envain ont-ils employ la force, la rigueur & les iupplices pour les fubmguer & les convertir la Religion; ces peuples se sont soustraits au joug, en s’éloignant & se retirant

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