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VOYAGE AUX INDES
fuperncîede la terre, efpéce d'étain que l'on porte en Chine,
c eft le feul commerce dont la Compagnie retire quelque profit
encore neft-il pas afîez fort pour payer les employés, &
couvrir les dépenfes quelle eft obligée de faire pour fe fou-
tenir fur cette côte. Celui des joncs eft fi peu de chofe, qu ei e
s eft vue forcée de l'abandonner aux habitans moyennant quelques
droits. Les îles voifines lui fourmiïent du bols d'aigle,
de fandal & de fapan. Quelques Malais y font le commerce
en interlope, ceux qui font connus fous le nom de Bouguis,
vont aux Moluques chercher des épiceries, qu'ils portent
enfuke à Achem & à Quéda; ceux qui font celui du câlin,
croifent dans les détroits, & le vendent aux vaiffeaux Européens,
qui y paffent pour aller en Chine. Afin d'empêcher le
progrés "de ce commerce frauduleux, la Compagnie entretient
des Gardes-côtes, qui tâchent d'intercepter leurs bateaux. ^
On trouve à Malacca des aniropophages reconnus, de même
que des êtres qui nont que la figure humaine; ils vivent fur
les arbres, & fi quelqu'un pane fous leur retraite, ils defcendent
& les dévorent : il.y en a qui font moins féroces; errans
dans les bois, ne fe liant pas même avec les êtres ^ kur r^
fembtent, ils te nournffent de fruits & de racines, & nhabitent
avec les femmes que quand la nature les y invite ; ce qui
fembleroit prouver que dans l'état de nature, les hommes ont
gaison ; je suis surpris que les Nations Européennes qui vont en Chine, n’aient point entrepris d’y protr de l’étain, puisque le calin s’y vend très-bien ; peut-être aussi que le préjugé a fait négliger cette branche de commerce ; car on a toujours cru que le calin étoit un métal différent de l’étain. On a cru aussi qu’il étoit la toutenague des Chinois ; mais ce dernier métal n’était pas noaturel, & est formé par un mélange de calin & de
cuivre.