Page:Voyage à travers l’Impossible.djvu/43

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Volsius : Oh ! vous la quitterez toujours assez tôt mon cher !…

Ox : Ah ! Vous pensez monsieur Ardan que la Lune est indigne d’être explorée par nous.

Volsius : C’est mon opinion, Docteur Ox.

Ox : Eh ! bien ! Vous m’avez converti.

Georges : Se peut-il ?

Ox : Oui !… Oui !… il nous faut renoncer à cette humble planète, à ce froid satellite de la Terre, c’est vers un but plus noble et plus lointain que nous devons nous élancer.

Volsius et Tous : Que dit-il ?

Georges : Vers le Soleil alors !

Ox : Plus loin encore !

Georges : Jupiter, Uranus ?

Ox : Plus loin toujours ! Plus loin, hors de notre monde solaire !…

Georges (s’exaltant) : Ah ! Je comprends, Docteur… Oui !… oui !… Aller se perdre dans l’infini… courir à travers les étoiles… à travers ces groupes qu’éclairent trois ou quatre soleils gravitant sous leur réciproque influence !… Ah !… l’admirable spectacle !… Des astres resplendissant de mille tons divers !… Des jours faits de toutes les couleurs, de toutes les nuances de l’arc-en-ciel et se levant radieux sur l’horizon !…

(Rumeur d’admiration)

Ox : C’est là que nous irons, messieurs, et votre Colombiad qui a servi à envoyer un boulet à la Lune saura bien envoyer ce boulet à des milliards de lieues !

Barbicane : Oui !… si vous avez le secret d’une poudre capable de lui donner une suffisante vitesse.

Ox : J’ai trouvé une force expansive sans limites et, sous sa toute puissante impulsion, notre projectile aura bientôt dépassé le monde solaire !

Maston : Bravo, Docteur Ox !… Quel docteur ! Messieurs, quel docteur !…

Barbicane : Et sur quel point de l’espace dirigerez-vous la Colombiad ?

Ox : Sur un nouvel astre que les astronomes de l’observatoire de Cambridge viennent de découvrir… sur la planète Altor !…

Tous : Altor !…

Georges : Oui !… Altor !… Altor !…

Barbicane : Honneur aux audacieux qui tenteront cette conquête.

Tous : Hurrah !… Hurrah !…

Ox (ironiquement) : Eh ! bien ! Que dites-vous de ceci, monsieur Ardan ?…

Volsius : Moi ! Rien, monsieur le Docteur Ox.

Ox : Pas un mot de blâme ou de critique pour cette audacieuse tentative d’Hatteras ?

Volsius : Comment le blâmerais-je, moi qui ai l’intention de partir avec lui ?

Tous : Ah !…

Ox : Quoi ? Vous prétendez !…

Volsius : Devenir votre compagnon si vous le permettez, Hatteras.

Georges : Oui, certes ! vous partirez avec nous, vous partagerez notre gloire…

Ox (à part) : Nous verrons bien.

Volsius : Nous nous retrouverons en Floride, messieurs, au pied même de la Colombiad !

Barbicane : Nous y serons tous !

Tous : Hurrah !… Hurrah !… Hurrah !…