Tous : Le célèbre Docteur Ox !
Maston : Quel docteur, messieurs, quel docteur !
Un Membre : Et que dit cette lettre ?
Tous : Écoutons ! Écoutons !
Barbicane (lisant) : « Illustre président. Le Docteur Ox et son jeune compagnon, Georges Hatteras, viennent d’arriver en cette ville, et ils demandent à faire aux Membres du Gun-Club une proposition qui est de nature à les intéresser vivement. »
Maston : Une proposition ?
Barbicane : Je pense que nous devons l’entendre. Le Docteur Ox est-il là ?
L’Huissier : Il est prêt à se présenter devant les membres du Gun-Club.
Barbicane (puis Tous) : Qu’il entre !…
Scène III
Barbicane : Soyez le bienvenu, illustre Docteur Ox.
Maston (puis Tous) : Honneur au Docteur Ox !
Ox : Permettez-moi d’abord, messieurs, de vous présenter mon jeune compagnon, Georges Hatteras, fils du glorieux Capitaine de ce nom.
Maston : Honneur au fils du Capitaine Hatteras.
Tous : Honneur ! Honneur !…
Georges : Avant de m’honorer de vos acclamations, messieurs, sachez ce que j’ai fait et ce que je veux accomplir encore.
Tous : Parlez !
Ox : Ce qu’il a fait vous l’apprendrez bientôt, et pour ce qu’il veut tenter de faire, pour conquérir l’immense domaine de l’espace, il vient vous demander de lui faciliter sa tâche.
Georges : Oui, j’aspire à quitter cette terre que j’ai fouillée jusque dans ses plus profondes retraites. Et c’est en dehors de notre globe que je veux mettre le pied dans l’infini !
Barbicane : Vous pouvez compter sur notre concours.
Ox : Voici la proposition que nous venons vous communiquer.
Maston (criant) : Silence donc, messieurs, silence.
Barbicane : Mais, personne ne parle que vous, M. Maston.
Maston : Ah ! Eh bien, alors, c’est à moi que je m’adresse !
Ox : Messieurs, après cette première expérience qui a porté aux nues la gloire de l’Amérique vous n’avez point songé à détruire la gigantesque Colombiad dont le boulet s’est élevé à plus de cent mille lieues dans les airs, et nous vous demandons de reprendre l’expérience en rectifiant, cette fois, le pointage, de manière à ne pas manquer le but (chuchotements.)
Georges : Eh ! bien, acceptez-vous messieurs ?… Voulez-vous, en ma personne, conquérir ce satellite de la Terre dont les plus audacieux d’entre nous n’ont encore fait que le tour. Voulez-vous me permettre enfin de compléter ainsi la troisième étape de mon voyage à travers l’impossible ?
Tous : Oui !… oui !…
Ox : En accueillant notre proposition, messieurs, vous aurez démontré une fois de plus que rien n’est impossible en ce monde !
Maston : Le mot impossible n’est pas américain.
Georges : Ni anglais !…
Scène IV
(Volsius entre dans la salle du Club sous les traits d’Ardan)
Volsius : Ni français, messieurs.
Maston : Ardan !… notre ami Ardan !
Tous : Hurrah ! pour Ardan !…
Barbicane : Mon brave compagnon !
(Il a quitté son Bureau de Président et vient serrer la main d’Ardan que tous les membres du Club entourent).
Volsius : Oui… moi… mes amis !… Michel Ardan… Le « Labrador » vient de me débarquer à l’instant ! J’ai appris que le Gun-Club était en séance et ma première visite a été pour vous !
Maston : Quel homme ! bien que ce soit un Français !
Barbicane : Les Français sont un grand peuple, messieurs, auxquels il ne manque qu’une chose pour être le premier peuple du monde…
Maston : Oui, une seule !
Volsius : Laquelle ?
Maston : C’est d’être Américains.
Volsius : Merci !
Barbicane : Mon cher compagnon, vous arrivez à propos… Notre première tentative a trouvé des imitateurs.
Volsius : Des imitateurs !… Comment, il existerait sous la calotte des Cieux des fous plus fous que nous n’avons été fous ?…
Maston : Des fous ?
Ox : Je ne reconnais pas là le langage de l’audacieux Ardan !