4e Tableau
À cinq cents lieues sous terre.
La scène représente une immense crypte, avec des profondeurs et percées à perte de vue et en toutes directions. Stalactites pendant de toutes parts. Rochers praticables, au fond, qui permettent de descendre jusqu’au sol de ces catacombes naturelles.
Scène I
puis Tartelet et Valdemar.
Tartelet (apparaissant) : Arrivez donc, jeune Valdemar.
Valdemar (débouchant par le haut des rochers) : Me voici !… me voici !…
Tartelet : Diable ! Le chemin n’est pas bon pour des jambes de danseur (à Valdemar) : Veillez bien a ne pas vous tourner les pieds.
Valdemar : Soyez tranquille.
Ox : Allons, Georges Hatteras, plus avant, plus avant encore !
Georges : Je vous suis docteur ! C’est l’abîme !… et l’abîme attire et j’irai jusqu’a ses dernières profondeurs !
(Ils commencent à descendre)
Maître Volsius (à Éva) : Ne craignez rien, mon enfant, ce n’est point encore ici qu’est le danger !
Éva : Je ne redoute rien pour moi mais tout pour lui !
Maître Volsius : C’est en ce lieu que nous allons faire halte.
Georges : Où sommes-nous ?
Maître Volsius : Mais chez moi.
Ox : En effet ! c’est ici, je crois, la limite du voyage par maître Lidenbrok.
Maître Volsius : Et si cela peut intéresser, je vous dirai que ces cavités se creusent sous l’Europe centrale, sous la France et précisément sous Paris a l’endroit où nous sommes.
Valdemar : Sous Paris ! Il est la au-dessus de ma tête ce Paris que j’ai visité avec amour et l’on n’entend pas le bruit de la grande cité !… (Quelques grondements éloignés se font entendre) Eh ! si fait ! On dirait un grand roulement de voitures ! nous devons être sous le carrefour des écrasés !
Éva (à Maître Volsius) : Mais ces grondements !
Maître Volsius : Un grondement qui se produit par intervalles dans la charpente du globe.
Valdemar : Un tremblement, allons-nous en. (Il sort).
Ox : Eh bien ! Georges Hatteras ! Que pensez-vous de ces immensités qui se prolongent a l’infini sous les mers, sous les continents et qui portent des villes et des montagnes ? Vous attendiez-vous a trouver ici toute une végétation souterraine, où les plus humbles plantes de la terre se font arbres sous l’influence d’un milieu chaud et humide ? Et cet air qui, devenu lumineux par la pression, éclaire ces catacombes silencieuses.
Maître Volsius : La contemplation de ces merveilles ne suffira-t-elle pas à satisfaire votre ambition de voyageur ?
Georges : À quoi servirait la nouvelle puissance vitale donnée a notre corps par le Docteur Ox, s’il ne s’agissait que d’aller où d’autres sont allés avant nous, où vous êtes allé vous-même ! Ici est l’extraordinaire et non pas l’impossible !
Ox (à part) : Bien, bien !…
(On entend un grand cri, poussé au dehors, par Valdemar)
Éva : Qu’est-ce donc ?