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sieurs B**** père et fils, qui devaient s'embarquer sur notre vaisseau; ils ont, sans rien dire, fait atteler leur chaise, et sont retournés à Paris.



LETTRE IV.


A bord du Marquis de Castries, le 3 mars 1768, à onze heures du matin.


Je n'ai que le temps de vous faire mes adieux; nous appareillons. Je vous recommande les cinq lettres incluses; il y en a trois pour la Russie, la Prusse et la Pologne. Partout où j'ai voyagé, j'ai laissé quelqu'un que je regrette.

Mais le vaisseau est à pic. J'entends le bruit des sifflets, les hissemens du cabestan, et les

matelots qui virent l'ancre

. . . . .

Voici le dernier

coup de canon. Nous sommes sous voiles; je vois fuir le rivage, les remparts et les toits du Port-Louis. Adieu, amis plus chers que les trésors de

l'Inde!

. . . . .

Adieu, forêts du nord, que je ne reverrai

plus! Tendre amitié! sentiment plus cher qui la surpassiez! temps d'ivresse et de bonheur

qui s'est écoulé comme un songe! adieu

. . . .

adieu

. . . .

On ne vit qu'un jour pour mourir toute

la vie.

Vous recevrez mon journal, mes lettres et mes