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meule et en dispersa les morceaux avec tant de force que quatre mille Gentils en furent tués.

Or, la reine, qui regardait d’un lieu élevé et qui jusque-là s’était cachée, descendit aussitôt et adressa de durs reproches à l’empereur pour cette étrange cruauté. Mais l’empereur, plein de fureur, sur le refus de l’impératrice de sacrifier, la condamna à avoir les seins arrachés, puis à être décapitée. Comme on la menait au martyre, elle demanda à Catherine de prier pour elle le Seigneur. Catherine répondit : « Ne crains rien, ô reine chérie de Dieu, car aujourd’hui à la place d’un royaume qui passe, tu en recevras un autre qui sera éternel, et à la place d’un époux mortel, tu en auras un immortel. » Alors l’impératrice affermie exhorta les bourreaux à ne point différer de faire ce qui leur avait été commandé. Ils la conduisirent hors de la ville et après lui avoir arraché les mamelles avec des fers de lance, ils lui coupèrent ensuite la tête. Porphyre put soustraire son corps et l’ensevelir. Le lendemain, comme on cherchait le corps de l’impératrice, et, qu’à ce sujet, le tyran donnait l’ordre de traîner au supplice beaucoup de personnes, Porphyre se présenta tout à coup sur la place en s’écriant : « C’est moi qui ai enseveli la servante du Christ dont j’ai embrassé la foi. » Alors Maxence égaré s’écria en poussant un rugissement terrible : « Oh ! je suis le malheureux le plus à plaindre ! Voici qu’on a séduit Porphyre, l’unique appui de mon âme et ma consolation dans mes peines ! » Et comme il faisait part de cela à ses soldats, ils lui répondirent aussitôt : « Et nous aussi, nous sommes chrétiens et prêts à mourir. »