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SAINT SILVESTRE

XII


SAINT SILVESTRE, PAPE
(31 décembre)


La légende de saint Silvestre a été compilée par Eusèbe de Césarée. Saint Blaise, dans une réunion de soixante-cinq évêques, en a recommandé la lecture aux catholiques.

I. Silvestre avait pour mère une femme qui s’appelait Juste, et qui n’était pas moins juste de fait que de nom. Instruit par le saint prêtre Cyrin, il eut de bonne heure le goût de l’hospitalité. Il recueillit chez lui le chrétien Timothée, que personne ne voulait recueillir, par crainte de la persécution. Et ce Timothée prêcha là, pendant un an et trois mois, après quoi il reçut la couronne du martyre. Or le préfet Tarquin, s’imaginant que Timothée était très riche, réclama ses richesses à Silvestre, le menaçant de mort s’il ne les lui livrait. Et quand il eut reconnu que Timothée n’avait absolument rien laissé, il ordonna à Silvestre de sacrifier aux idoles, faute de quoi il aurait à subir, le lendemain, toute sorte de supplices. Et Silvestre lui dit : « Insensé, c’est toi qui, cette nuit même, commenceras à subir les supplices éternels, et seras forcé, bon gré mal gré, de reconnaître que le Dieu que nous adorons est le seul vrai Dieu ! » Là-dessus, Silvestre fut conduit en prison, et Tarquin se rendit à un repas où il était invité. Or, pendant qu’il mangeait, une arête de poisson se fixa dans sa gorge, de telle manière qu’il ne pût ni l’avaler ni la rejeter. Il mourut donc cette nuit-là, et Silvestre sortit de sa prison, à la grande joie de tous ; car il était aimé non seulement des chrétiens, mais aussi des païens. Il était, en effet, angélique de visage, éloquent de parole, pur de corps, saint d’œuvres, grand d’intelligence, zélé de foi, patient d’espoir, débordant de charité.

Et lorsque mourut Melchiade, évêque de Rome, la