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LA LÉGENDE DORÉE

Cet Hérode eut à son tour six fils : Antipater, Alexandre, Aristobule, Archélaüs, Hérode Antipas, et Philippe. Alexandre et Aristobule, nés de la même mère, qui était juive, furent envoyés dans leur jeunesse, à Rome pour s’y instruire aux arts libéraux ; puis ils revinrent à Jérusalem, et Alexandre devint grammairien, tandis qu’Aristobule se distingua par la subtilité de son éloquence. Et souvent ils se querellaient avec leur père au sujet de la succession au trône. Puis, comme leur père, irrité contre eux, parlait de les déshériter, ils entreprirent de le faire tuer. Hérode, prévenu, les chassa ; et les deux jeunes princes se rendirent à Rome, où ils portèrent plainte contre leur père devant l’empereur.

Cependant les mages vinrent à Jérusalem, s’informant de la naissance du nouveau roi que leur annonçaient les présages. Et Hérode, en les entendant, craignit que, de la famille des vrais rois de Judée, un enfant ne fût né qui pourrait le chasser comme usurpateur. Il demanda donc aux rois mages de venir lui signaler l’enfant royal dès qu’ils l’auraient trouvé, feignant de vouloir adorer celui qu’en réalité il se proposait de tuer. Mais les mages s’en retournèrent dans leur pays par une autre route. Et Hérode, ne les voyant pas revenir, crut que, honteux d’avoir été trompés par l’étoile, ils s’en étaient retournés sans oser le revoir ; et, là-dessus, il renonça à s’enquérir de l’enfant. Pourtant, quand il apprit ce qu’avaient dit les bergers et ce qu’avaient prophétisé Siméon et Anne, toute sa peur le reprit, et il résolut de faire massacrer tous les enfants de Bethléem, de façon que l’enfant inconnu dont il avait peur pérît à coup sûr. Mais Joseph, averti par un ange, s’enfuit avec l’enfant et la mère en Égypte, dans la ville d’Hermopolis, et y resta sept ans, jusqu’à la mort d’Hérode. Et Cassiodore nous dit, dans son Histoire tripartite, qu’on peut voir à Hermopolis, en Thébaïde, un arbre de l’espèce des persides, qui guérit les maladies, si l’on applique sur le cou des malades un de ses fruits, ou une de ses feuilles, ou une partie de son écorce. Cet arbre, lorsque la sainte Vierge fuyait en Égypte avec son fils, s’est