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SAINT ÉTIENNE

telle sorte que celui-ci, gardant les vêtements de ceux qui lapidaient Étienne, pour les aider dans leur office, peut être considéré comme ayant contribué lui-même à le lapider. Et pendant qu’on le lapidait, Étienne priait, disant : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ! » Puis, s’étant mis à genoux, il cria à haute voix : « Seigneur, ne leur impute pas à péché ce qu’ils font ! » En quoi le martyr imitait le Christ, qui, dans sa passion, avait prié d’abord pour soi, disant : « Mon Père, je te livre mon âme ! » et avait ensuite prié pour ses bourreaux, disant : « Mon Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font ! » Et l’auteur des Actes ajoute qu’après avoir ainsi parlé Étienne « s’endormit dans le Seigneur ». Expression belle et juste : car le saint ne mourut pas, il « s’endormit » dans l’espoir de la résurrection.

Le martyre d’Étienne eut lieu l’année même de l’Ascension du Seigneur, le troisième jour d’août. Saint Gamaliel et Nicodème, qui soutenaient les intérêts des chrétiens dans tous les conseils des Juifs, ensevelirent saint Étienne dans le champ dudit Gamaliel, et un grand deuil eut lieu en son honneur ; et une persécution violente s’éleva, bientôt après, contre tous les chrétiens qui étaient à Jérusalem, à tel point que tous durent se disperser dans les divers quartiers de la Judée et de la Samarie, à l’exception des apôtres, qui, sans doute, allaient au-devant de la mort au lieu de la fuir.

II. Saint Augustin rapporte que le bienheureux Étienne s’est illustré par d’innombrables miracles : qu’il a six fois ressuscité des morts, et guéri une foule de malades. Le même auteur rapporte qu’on avait coutume de mettre des fleurs sur l’autel de saint Étienne, qui, placées ensuite sur des malades, les guérissaient ; et que les linges déposés sur l’autel, et placés ensuite sur des malades, guérissaient en particulier les maladies de la moelle. Au livre XXII de sa Cité de Dieu, il raconte le miracle d’une femme aveugle qui fut rendue à la lumière par le contact d’une fleur prise sur l’autel du saint. Il raconte aussi l’histoire de l’un des hommes les plus considérables de la ville d’Hippone, nommé Martial, qui était infidèle et