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III
INTRODUCTION

vivante que sur la place carrée du Municipe, où l’on arrive, du quai, par une belle porte à créneaux de style féodal. C’est là, sans doute, que se sont réunis en grand apparat, le 19 février 1251, les représentants des cités de Savone, d’Albenga et de Vintimille, pour jurer soumission et fidélité à la république de Gênes. Aujourd’hui, la Place du Municipe n’a plus guère l’occasion d’assister à des scènes aussi solennelles : mais à toute heure des badauds s’y promènent de long en large, des mendiants y jouissent doucement de la vie, des enfants y courent en se querellant ; et c’est là encore que se trouve le marchand d’oiseaux. J’ai vu chez lui, dans des cages de bois, des merles, des fauvettes, et un couple de jeunes verdiers, qui m’ont rappelé avec quel empressement Jacques de Voragine, leur vénérable concitoyen, avait accueilli dans sa Légende toute sorte d’oiseaux, depuis les moineaux de saint Rémy jusqu’à la perdrix de l’apôtre saint Jean. Et ainsi cette petite place m’apparaissait tout imprégnée de son souvenir, lorsque, relevant la tête, je l’ai aperçu lui-même qui me souriait paternellement. Les habitants de Varage ont eu, en effet, l’excellente idée de placer sa statue dans une niche, au fronton de leur maison communale. Peut-être, seulement, avec un légitime désir de mieux accentuer son autorité, lui ont-ils laissé faire des épaules trop larges et un ventre trop fourni : de telle sorte qu’on a d’abord quelque peine à reconnaître, dans ce majestueux prélat, l’humble moine qui, jusque sur le trône archiépiscopal de Gênes, s’est plu à vivre en pauvre au profit des pauvres. Mais, ressemblant