Page:Voragine - Légende dorée.djvu/739

Cette page n’a pas encore été corrigée

de prouver son innocence, après sa mort, par l’épreuve du fer rouge. Un jour donc, la veuve se présente devant l’empereur avec la tête de son mari et lui demande de quel châtiment est digne celui qui a mis à mort un innocent. L’empereur lui répond qu’un tel homme est digne de la mort. Et la veuve : « C’est toi qui es cet homme : car, à la suggestion de ta femme, tu as fait périr mon mari innocent ; et je m’offre à le confirmer par l’épreuve du fer rouge ! » Ce que voyant, l’empereur, stupéfait, se remit entre les mains de cette femme, pour être puni. Mais le pape intervint, et obtint de la veuve, successivement, quatre délais, dont l’un était de dix jours, l’autre de huit, l’autre de sept et l’autre de six. Alors l’empereur, ayant examiné la cause et reconnu la vérité, ordonna que sa femme fût brûlée vive, et céda à la veuve, pour racheter sa faute, quatre châteaux. Ces châteaux se voient encore aujourd’hui dans le diocèse de Luna, et ne portent d’autres noms que les chiffres Dix, Huit, Sept et Six.

L’empire échut ensuite à saint Henri, prince de Bavière. Ce prince maria sa sœur, nommée Galla, au roi de Hongrie Étienne, encore païen, et qu’il convertit ainsi que tout son peuple. Et Étienne acquit une telle piété qu’il mérita de devenir saint lui aussi, et de faire de nombreux miracles. Quant à l’empereur Henri et à sa femme Cunégonde, ils vécurent ensemble dans la chasteté et s’endormirent en Dieu.

À saint Henri succéda Conrad, qui avait épousé la nièce du saint. Il emprisonna bon nombre d’évêques italiens, et incendia un faubourg de Milan, ville dont l’évêque s’était évadé de sa prison. Mais, le jour de la Pentecôte, comme l’empereur assistait à la messe dans, une petite église voisine de Milan, cette église fut soudain secouée de coups de foudre et d’éclairs si violents que bon nombre d’assistants moururent de frayeur. Et l’évêque Bruno, qui célébrait la messe, et le secrétaire de l’empereur, et d’autres encore dirent qu’ils avaient vu, pendant la messe, saint Ambroise debout devant Conrad, et le menaçant.

Sous le règne de ce Conrad, en l’an 1025, un certain