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LA LÉGENDE DORÉE

nouveau-né. Le même jour, trois soleils apparurent à l’Orient, qui finirent par se fondre en un seul : symbole évident de la sainte Trinité. Enfin voici ce que nous raconte le pape Innocent III : « Pour récompenser Octave d’avoir donné la paix au monde, le Sénat voulait l’adorer comme un dieu. Mais le prudent empereur, se sachant mortel, ne voulut point se parer du titre d’immortel avant d’avoir demandé à la Sibylle si le monde verrait naître, quelque jour, un homme plus grand que lui. Or, le jour de la Nativité, comme la Sibylle était seule avec l’empereur, elle vit apparaître, en plein midi, un cercle d’or autour du soleil ; et au milieu du cercle se tenait une vierge, d’une beauté merveilleuse, portant un enfant sur son sein. La Sibylle montra ce prodige à César, et l’on entendit une voix qui disait : « Celle-ci est l’autel du ciel ! » (ara cœli). Et la Sibylle lui dit : « Cet enfant sera plus grand que toi ! » Aussi la chambre où eut lieu ce miracle a-t-elle été consacrée à la sainte Vierge ; et c’est sur son emplacement que s’élève aujourd’hui l’église de Sainte-Marie Ara Cœli. » Cependant d’autres historiens racontent le même fait d’une manière un peu différente. Suivant eux, Auguste, étant monté au Capitole, et ayant demandé aux dieux de lui faire savoir qui régnerait après lui, entendit une voix qui lui disait : « Un enfant éthéré, Fils du Dieu vivant, né d’une vierge sans tache. » Et c’est alors qu’Auguste aurait élevé cet autel, au-dessous duquel il aurait inscrit : « Ceci est l’autel du Fils du Dieu vivant ! »

2o La Nativité s’est révélée aux créatures qui possèdent l’existence et la vie, comme les plantes et les arbres. En effet, dans la nuit de la naissance du Sauveur, les vignes d’Engade fleurirent, fructifièrent et produisirent leur vin.

3o La Nativité s’est révélée aux créatures qui possèdent l’existence, la vie et le sentiment, c’est-à-dire aux animaux. En effet Joseph, en partant pour Bethléem, avait emmené avec lui un bœuf et un âne : le bœuf, peut-être, pour le vendre et pour avoir de quoi payer le denier du cens ; l’âne, sans doute, pour servir à porter la Vierge