Page:Voragine - Légende dorée.djvu/719

Cette page n’a pas encore été corrigée

je ne les vois pas, voici que je viens juger les péchés d’autrui ! » Les frères comprirent et pardonnèrent au coupable ; On raconte une chose analogue du solitaire Prieur, qui, ayant à juger un de ses frères, fit porter derrière lui un grand sac de sable et, devant lui, un sac plus petit. Et il dit : « Le grand sac, ce sont mes péchés ; mais comme ils sont derrière moi, je ne les vois pas et ne m’en afflige pas ; le petit sac, ce sont les péchés de mon frère ; et comme ils sont devant moi ; je suis tout prêt à les juger avec sévérité. »

Moïse fut ordonné prêtre, et l’évêque lui dit, en le revêtant du superhuméral : « Te voilà tout blanc ! » Et lui : « Seigneur, que ne puis-je l’être plutôt au dedans ! » Puis l’évêque, voulant l’éprouver, dit à son clergé de le repousser au moment où il approcherait de l’autel et d’écouter ensuite ce qu’il dirait. On fit ainsi, et on entendit qu’il disait : « Voilà qui est bien fait pour toi ! car, n’étant pas un homme, pourquoi as-tu eu la présomption d’aller parmi les hommes ? » Tout cela est extrait de la Vie des Pères.



CLXXVI


SAINT ARSÈNE, ABBÉ


Arsène, étant encore à Rome, dans le palais de ses parents, priait Dieu de le diriger dans les voies du salut. Il entendit une voix qui lui dit : « Fuis les hommes et tu sera sauvé ! » Il adopta donc la vie monacale ; et dès qu’il l’eut fait, la voix lui dit ; « Retraité, silence, repos ! »

Au sujet de ce « repos » que doivent rechercher les serviteurs du Christ, on lit dans la Vie des Pères, l’histoire suivante. Trois frères s’étant fait moines, l’un choisit pour tâche de ramener la paix parmi les gens en discorde, le second, de soigner les malades, le troisième, de se reposer dans la solitude. Sur quoi le premier se mit en devoir d’apaiser les querelles ; mais il ne put plaire à