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parmi les hommes ! » Et Jean : « Je t’assure que c’est moi ! » Mais le frère lui refusa de lui ouvrir la porte et le laissa en peine jusqu’au lendemain. Puis, lui ouvrant enfin la porte, il lui dit : « Si tu n’es qu’un homme, tu as besoin de travailler pour te nourrir et pour vivre ! » Et Jean : « Pardonne-moi, frère, car j’ai péché ! »

Jean étant sur le point de mourir, ses frères lui demandèrent de leur laisser quelques bonnes paroles, en guise d’héritage. Mais il gémit et dit : « Jamais je n’ai fait ma propre volonté, et jamais je n’ai rien enseigné qu’en le faisant moi-même ! » Tout cela est extrait de la Vie des Pères.




CLXXV


SAINT MOÏSE, ABBÉ


Le solitaire Moïse dit à un de ses frères, qui lui demandait de l’instruire : « Enferme-toi dans ta cellule, et elle t’enseignera tout ! »

Un vieillard malade voulait se rendre en Égypte pour ne pas être trop à charge aux frères. Moïse lui dit : « Ne t’en va pas, car tu commettrais le péché de chair ! » Et le vieillard : « Comment peux-tu me dire cela, à moi qui ne suis plus qu’un cadavre ? » Il partit donc, et une jeune fille le soigna par dévouement ; et quand il fut convalescent, il la viola. Lorsqu’elle eut enfanté un fils, le vieillard prit l’enfant dans ses langes, et, le jour d’une grande fête, entra dans l’église où les frères étaient rassemblés. Et il leur dit : « Vous voyez cet enfant ? C’est le fils de la désobéissance ! Prenez bien garde à vous, mes frères, et priez pour moi ! » Après quoi il revint s’enfermer dans sa cellule.

Un des frères ayant péché, on envoya chercher Moïse, qui arriva en portant sur son dos un sac plein de sable. Et comme on lui demandait ce que cela signifiait : « Ce sont mes péchés qui courent derrière moi, mais, comme