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cessèrent de répondre aux questions qu’on leur faisait, un des païens dit que, si l’on ne tuait pas Saturnin, on n’obtiendrait plus jamais rien des dieux. On s’empara donc de Saturnin ; et celui-ci, sur son refus de sacrifier, fut attaché au pied d’un taureau furieux, qu’on précipita ensuite le long des marches du Capitole. Le saint eut la tête brisée, la cervelle écrasée ; et ainsi, il reçut heureusement la couronne du martyre. Deux femmes recueillirent son corps, et, par peur des païens, le cachèrent dans un puits, d’où les successeurs de saint Saturnin le transportèrent, plus tard, dans un lieu consacré.

II. Il y eut un autre Saturnin qui souffrit le martyre a Rome, en l’an 286, sous Maximien. Le préfet de la ville, après l’avoir longtemps tenu en prison, le fit attacher sur un chevalet, où il fut roué de coups. On lui brûla ensuite les côtes, et l’on finit par le décapiter.

III. Il y eut un autre Saturnin qui souffrit le martyre en Afrique avec son frère Satire, un compagnon nommé Révocat, la sœur de celui-ci, nommée Félicité, et une femme noble nommée Perpétue. Ayant refusé de sacrifier aux idoles, ils furent tous jetés en prison. Ce que voyant, le père de Perpétue Courut à la prison, et dit : « Ma fille, qu’as-tu fait ? Tu as déshonoré ta famille ! car jamais encore personne de ta race n’a été emprisonné ! » Et quand il apprit que sa fille était chrétienne, il s’élança sur elle pour lui crever les yeux. Or, cette nuit-là, Perpétue eut un rêve qu’elle raconta en ces termes à ses compagnons : « J’ai vu une échelle d’or qui s’élevait jusqu’au ciel, si étroite qu’on ne pouvait y grimper qu’un à un, et encore à la condition d’être petit de taille. Car à droite et à gauche, sur les portants, étaient fixés des couteaux et des glaives très aigus, de telle sorte que ceux qui grimpaient ne pouvaient regarder ni derrière eux ni autour d’eux, mais étaient forcés d’avoir toujours les yeux levés au ciel. Sous l’échelle se tenait un immense et terrible dragon, essayant d’effrayer tous ceux qui voulaient grimper. Et j’ai vu Satire grimper sur l’échelle, parvenir jusqu’en haut, puis se retourner, et nous faire signe de le suivre sans