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SAINT THOMAS, APÔTRE

cher la misère de cette vie hasardeuse et fugitive ; et il engageait ses auditeurs à recevoir la parole de Dieu, comparant celle-ci 1o à un collyre, parce qu’elle illumine les yeux de notre âme ; 2o à un emplâtre, parce qu’elle guérit les plaies de nos péchés ; 3o à une nourriture, parce qu’elle nous alimente des choses célestes. Et Migdomie, ayant entendu l’apôtre, reçut la foi, et, depuis lors, eut horreur de la couche de son mari. Celui-ci, dont le nom était Carisius, porta plainte au roi, et fit jeter l’apôtre en prison. Alors Migdomie vint le trouver dans sa prison, et lui demanda pardon d’être la cause de son incarcération ; mais l’apôtre, la consolant avec bonté, lui dit qu’il était heureux de souffrir tout cela. Cependant Carisius pria le roi d’envoyer la reine, sœur de sa femme, auprès de celle-ci, pour essayer de la ramener à lui. Mais la reine fut convertie par celle qu’elle voulait pervertir ; et, à la vue des miracles de l’apôtre, elle dit : « Maudits soient ceux qui refusent de croire, en présence de tant de signes et d’œuvres ! » Quand elle revint près de son mari, celui-ci lui dit : « Pourquoi es-te restée si longtemps absente ? » Et la reine lui répondit : « Je croyais que Migdomie était folle, mais elle est au contraire très sage, et, en me conduisant à l’apôtre de Dieu, elle m’a fait connaître le chemin de la vérité ; ceux là seuls sont fous qui refusent de croire au Christ ! » Et, depuis lors, elle refusa de s’accoupler avec son mari. Et, le roi stupéfait, dit à son beau-frère : « En voulant te ramener ta femme, j’ai perdu la mienne ; elle est même devenue pire pour moi que la tienne pour toi ! » Et il se fit amener l’apôtre, les mains liées, et le somma de faire en sorte que sa femme et sa belle-sœur reprissent la vie conjugale. Alors l’apôtre lui démontra que, aussi longtemps que son beau-frère et lui persisteraient dans l’erreur, leurs femmes auraient le devoir de ne pas reprendre la vie conjugale. « Toi qui es roi, lui dit-il, tu tiens à ne pas avoir des serviteurs impurs, mais, au contraire à avoir des serviteurs purs. À plus forte raison Dieu aime à avoir des serviteurs chastes et purs. Il aime, dans ses serviteurs, ce que tu aimes dans les tiens. Comment !