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III. Maître Jean Beleth affirme que les rois de France ont coutume, dans les batailles, de porter la chape de saint Martin.

IV. Soixante-quatre ans après la mort du saint, saint Perpet, ayant bâti en son honneur une grande église, voulut y transporter son corps. Mais en vain son clergé et lui veillèrent et jeûnèrent pendant trois jours : le cercueil ne se laissait point soulever. Et comme déjà ils allaient renoncer, un beau vieillard leur apparut, qui leur dit : « Qu’attendez-vous ? Ne voyez-vous pas que Martin lui-même est prêt à vous aider ? » Puis il leur prêta un coup de main, et le cercueil fut soulevé sans aucune difficulté. Cette translation eut lieu au mois de juillet.

V. Il y avait alors, à Tours, deux compagnons, dont l’un était aveugle et l’autre paralytique. L’aveugle portait le paralytique, et le paralytique guidait l’aveugle ; et, vivant ainsi, ils tiraient un gros profit de la mendicité. Quand ils apprirent qu’on portait le corps de saint Martin en procession à l’église nouvelle pour l’y déposer, ils craignirent que la procession ne passât dans la rue où ils se tenaient, et que saint Martin ne s’avisât de les guérir : car ils se disaient que, guéris, ils perdraient leur gagne-pain. Ils imaginèrent donc de s’enfuir de chez eux, et se réfugièrent dans une rue où, certainement, la procession ne devait point passer. Et, pendant qu’ils fuyaient, ils rencontrèrent le corps de saint Martin, qui les guérit tous les deux. Tant il est vrai que Dieu accorde ses bienfaits à ceux-là même qui ne les demandent pas !




CLXIV


SAINT BRICE, ÉVÊQUE ET CONFESSEUR
(13 novembre)


Brice était diacre de saint Martin, et, suivant l’exemple de maints autres, il ne se faisait pas faute de railler son vénérable évêque. Un pauvre lui ayant un jour demandé