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se réalisent, chose qu’ils ne font, cependant, que quand ils savent que cela ne contrarie pas la volonté de Dieu.

Et que, dans ce jour, tous les saints se joignent pour intercéder en notre faveur, c’est ce que prouve une vision qui eut lieu l’année qui suivit l’institution de cette fête. Le jour de la Toussaint de cette année-là, le gardien de l’église de Saint-Pierre, après avoir pieusement fait le tour de tous les autels et imploré les suffrages de tous les saints, s’assoupit un moment devant l’autel de saint Pierre. Il fut alors ravi en extase et vit le Roi des Rois assis sur son trône, avec tous les anges autour de lui. Puis vint la Vierge des Vierges, avec un diadème de feu autour de la tête, et suivie de la foule innombrable des vierges. Dès qu’elle entra, le Roi se leva et la fit asseoir sur un trône, près de lui. Puis vint un homme vêtu de poils de chameau, et suivi d’une multitude de vieillards vénérables ; puis un autre homme, en habits de pontife, suivi d’un groupe d’hommes habillés de la même façon. Derrière eux s’avança une foule innombrable de soldats, que suivait à son tour une foule infinie d’hommes de toutes les nations. Tous, parvenus devant le Roi des Rois, s’agenouillèrent devant lui et se mirent à l’adorer. L’homme en habits pontificaux entonna les matines ; et ainsi commença le service divin. Et l’ange qui avait conduit le susdit gardien lui expliqua ensuite le sens de cette vision. Il lui dit que la Vierge assise sur le trône était la mère de Dieu, que l’homme vêtu de poils de chameau était saint Jean-Baptiste, ayant derrière lui les patriarches et les prophètes ; que l’homme en habits, pontificaux était saint Pierre, suivi des apôtres ; que les soldats étaient les martyrs, et que la foule était formée des saints confesseurs. Et l’ange dit au gardien que tous ces saints étaient venus en présence du Roi des Rois pour le remercier de l’honneur que lui rendaient, en ce jour, les hommes, et pour prier pour le monde entier. Puis l’ange conduisit le gardien dans un autre lieu, où il lui montra des personnes des deux sexes, dont les unes étaient vêtues d’or, ou assises à des tables somptueuses, tandis que d’autres, nues et misérables, mendiaient du secours. Et