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SAINT NICOLAS

mais bien que tous les assistants l’engageassent à prendre l’argent, il dit qu’il ne le ferait que si, par les mérites de saint Nicolas, le mort était rendu à la vie : ajoutant que lui-même, en ce cas, recevrait le baptême et se convertirait à la foi du Christ. Aussitôt le mort revint à la vie ; et le Juif reçut le baptême.

Un autre Juif, voyant le pouvoir qu’avait saint Nicolas d’opérer des miracles, plaça dans sa maison une image de ce saint. Et lorsqu’il avait à sortir pour quelque longue absence, il disait à l’image : « Nicolas, je te confie la garde de mes biens ; que si tu ne veilles pas sur eux comme je l’exige, je me vengerai en te rouant de coups ! » Or un jour, en l’absence du Juif, des voleurs arrivent qui emportent tout, ne laissant que l’image. Et le Juif, lorsqu’il se voit dépouillé, dit à l’image : « Seigneur Nicolas, ne t’avais-je pas installé dans ma maison pour garder mes biens ? Pourquoi donc ne l’as-tu pas fait ? C’est toi qui paieras pour les voleurs ! Je vais te rouer de coups : cela refroidira ma rage ! » Et il se mit à frapper cruellement la statue. Alors le saint apparut aux voleurs, qui se partageaient les dépouilles du Juif, et leur dit : « Voyez comme j’ai été battu à cause de vous ! Mon corps en est encore tout bleu ! Allez vite rendre ce que vous avez pris : faute de quoi la colère de Dieu retombera sur vous et vous serez pendus. » Et les voleurs : « Qui es-tu donc, toi qui nous dis tout cela ? » Et lui : « Je suis Nicolas, serviteur du Christ ; et celui qui m’a mis en cet état est le Juif que vous avez volé. » Effrayés, ils courent chez le Juif lui racontent leur vision, apprennent de lui ce qu’il a fait à la statue, lui rendent tous ses biens, et rentrent dans la bonne voie, tandis que le Juif, de son côté, se convertit à la foi chrétienne.

Certain homme célébrait tous les ans, en grande sollennité, la fête de saint Nicolas, à l’intention de son fils, qui étudiait les belles-lettres. Or un jour, pendant le repas de la fête, le diable, vêtu en pèlerin, frappe à la porte et demande l’aumône. Le père ordonne aussitôt à son fils de porter une aumône au pèlerin ; et le jeune