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rejoindre. Mais aussitôt une pluie abondante se mit à tomber qui éteignit la flamme ; de telle sorte que les chrétiens purent recueillir les corps des martyrs et les transporter à Constantinople, d’où on les rapporta en grande pompe à Nicomédie lorsque fut restituée la paix à l’Église. Ce martyre eut lieu l’an du Seigneur 280.

Nathalie, après la mort de son mari, demeurait dans sa maison, conservant pieusement la main du martyr ; et toujours, pour se consoler, elle gardait cette main sous son oreiller. Or un tribun, la voyant belle, riche et noble, lui envoya des dames de la ville pour la demander en mariage. Nathalie leur répondit : « Quel honneur pour moi de devenir la femme d’un tel homme ! Accordez-moi seulement trois jours de délai, pour me préparer à ce mariage ! » Elle disait cela pour pouvoir s’enfuir. Or, la même nuit, un des martyrs lui apparut en rêve, et, la consolant doucement, lui enjoignit de se rendre au lieu où étaient les corps des martyrs. Dès son réveil, elle prit la main coupée d’Adrien, et s’embarqua sur un vaisseau avec d’autres fidèles. Ce qu’apprenant, le tribun la poursuivit sur mer avec une troupe de soldats ; mais une tempête se leva qui en noya un grand nombre et força les autres à rentrer au port.

Au milieu de la nuit, le diable, ayant pris la forme d’un marin, et étant monté sur un bateau fantastique, apparut aux compagnons de Nathalie et leur dit : « D’où venez-vous et où allez-vous ? » ils répondirent : « Nous venons de Nicomédie et nous allons à Constantinople ! » Alors le diable : « En ce cas, vous faites fausse route, c’est à gauche qu’est votre chemin ! » Il leur disait cela pour les envoyer contre des rochers, où ils n’auraient pas manqué de périr. Mais lorsqu’ils eurent changé les voiles, Adrien se montra soudain devant eux, sur un autre bateau, leur apprit que c’était le diable qui leur avait parlé, leur ordonna de suivre la direction qu’ils suivaient précédemment, et, navigant devant eux, il leur montra le chemin. Et Nathalie, en revoyant son mari, fut saisie d’une joie immense.

Le matin avant l’aube, le vaisseau aborda à Constan-