Page:Voragine - Légende dorée.djvu/502

Cette page n’a pas encore été corrigée

Augustin, vit descendre du ciel une nuée brillante, sur laquelle était assis le saint docteur en habits pontificaux, illuminant l’Église entière des deux rayons enflammés qui sortaient de ses yeux. De son côté, saint Bernard vit un jour un beau jeune homme debout dans une église, et dont la bouche était une fontaine d’où jaillissait tant d’eau que l’église tout entière en était remplie. Et saint Bernard comprit que c’était Augustin, dont la doctrine, fontaine de vérité, arrosait toute l’Église.

VI. Un pieux pèlerin donna une grosse somme au moine chargé de la garde du corps de saint Augustin, pour obtenir de lui l’un des doigts du saint. Mais le moine, ayant pris l’argent, enveloppa dans de la soie le doigt d’un mort quelconque, et le donna au pèlerin en lui affirmant que c’était bien le doigt d’Augustin. Or le pèlerin adorait pieusement cette fausse relique, ne cessant point de la baiser ou de la serrer sur son cœur ; de telle sorte que Dieu, touché de sa ferveur, transforma la fausse relique en un vrai doigt de saint Augustin. Et le pèlerin, revenu chez lui, opéra tant de miracles avec sa relique que le bruit en arriva jusqu’à Pavie. Le moine, alors, révéla comment il avait donné au pèlerin le doigt d’un mort inconnu. Mais quand on ouvrit le cercueil, on vit qu’un des doigts du saint manquait réellement.

VII. Dans le monastère de Fontaine, en Bourgogne, vivait un moine nommé Hugues qui, admirant avec passion saint Augustin, le priait souvent d’obtenir pour lui qu’il mourût le jour de sa fête. Quinze jours avant la fête du saint, ce moine fut pris de fièvre ; la veille de la fête, on le déposa à terre, presque mort. Et, soudain, un autre moine, qui priait dans la chapelle, vit entrer en procession plusieurs hommes tout vêtus de blanc, que suivait un évêque de figure vénérable. Le moine demanda qui étaient ces hommes et où ils allaient. Et l’un d’eux lui répondit que c’était saint Augustin qui venait, avec ses chanoines, assister à la mort de son ami, pour emporter ensuite son âme au glorieux royaume.

VIII. Du vivant d’Augustin, une femme, qui avait à souffrir de la part de méchants, vint trouver le saint pour lui