Page:Voragine - Légende dorée.djvu/50

Cette page a été validée par deux contributeurs.
17
SAINT ANDRÉ, APÔTRE

saurait trouver cette question aussi bien que toi, belle dame, qui nous surpasses tous en sagesse et en éloquence ! » Alors la femme : « Demandez-lui ce que Dieu a jamais fait de plus étonnant ! » On transmit la question à l’étranger, qui fit répondre : « C’est la diversité et l’excellence des visages : car, parmi la foule innombrable d’hommes créés ou à créer, depuis le commencement jusqu’à la fin du monde, il n’y en a point deux qui aient le même visage, et cependant Dieu a placé dans chacun de ces visages le siège de tous les sens du corps. » Ce qu’entendant, l’assistance dit : « Voilà une excellente réponse ! » Alors la femme : « Qu’on lui propose une seconde question, plus difficile à résoudre ! Qu’on lui demande en quel lieu la terre est plus haute que tout le ciel ! » Réponse de l’étranger : « C’est dans le ciel empyrée, où réside le corps du Christ. Car ce corps, qui est plus haut que tout le ciel, peut être considéré comme terrestre, puisqu’il est formé de notre chair. » Cette seconde réponse reçoit la même approbation de toute l’assistance. Mais la femme dit : « Avant d’admettre cet homme à la table de l’évêque, qu’on lui pose une troisième question, plus difficile encore ! Qu’on lui demande quelle distance il y a de la terre au ciel ! » À quoi l’étranger fait répondre : « Va plutôt poser cette question à celui qui t’a envoyée ici ! Il connaît, en effet, cette distance mieux que moi, ayant eu à la mesurer quand il est tombé du ciel dans l’abîme. Car l’être qui me pose ces questions n’est pas une femme, mais un diable qui a revêtu la forme d’une femme ! » Et pendant que le messager revenait rapporter cette réponse, à la stupeur de tous, la femme disparut. Aussitôt l’évêque, rentrant en lui-même, se fit d’amers reproches ; et il envoya vite chercher l’étranger ; mais celui-ci avait également disparu. Alors l’évêque convoqua le peuple, lui confessa tout, et lui demanda de commencer des jeûnes et des prières pour que Dieu daignât révéler qui était cet étranger qui l’avait délivré d’un si grand péril. Et, cette nuit-là même, Dieu révéla à l’évêque que c’était saint André qui, pour le sauver, était venu à lui vêtu en pèlerin