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avait commandés pour le repas. Et Augustin lui répondit : « Je n’en sais pas plus que toi ! »

Il disait que saint Ambroise lui avait appris trois choses : 1o à ne jamais se mêler de marier personne ; 2o à ne jamais encourager une dispute ; 3o à ne jamais aller à un repas où il était invité. Telles étaient sa pureté et son humilité, qu’il s’accusait humblement devant Dieu, dans ses Confessions, de péchés minimes, dont la plupart d’entre nous ne se soucieraient même pas. Il s’accusait, par exemple, d’avoir joué aux osselets dans son enfance, au lieu d’aller à l’école ; il s’accusait d’avoir mis de la mauvaise volonté à lire ou à apprendre ; il s’accusait d’avoir toujours, dans son enfance, pris plaisir à l’Énéide et d’avoir pleuré de la mort de Didon ; il s’accusait d’avoir dérobé des fruits, sur la table de ses parents, pour les donner à ses compagnons de jeux ; il s’accusait d’avoir, à seize ans, cueilli une poire sur un arbre qui n’était pas à lui. Et il s’accusait aussi de la petite jouissance qu’il éprouvait parfois à manger, ajoutant que le chrétien doit prendre ses aliments à regret, comme une médecine. Il s’accusait d’avoir exercé librement son odorat, son ouïe et sa vue, se reprochant, par exemple, son plaisir à voir courir un chien, ou à écouter de beaux chants d’église. Enfin il s’accusait de son appétit de louanges et de son désir de gloire, encore que ces sentiments aient toujours été chez lui d’une modération extraordinaire.

Il excellait à réfuter les hérétiques, de telle sorte que ceux-ci disaient publiquement que ce n’était point péché de le tuer, affirmant que ceux qui le tueraient comme un loup ne pourraient, par là, qu’être agréables à Dieu. Aussi fut-il sans cesse exposé à tomber dans leurs pièges ; et un jour, comme il était en route, sûrement il aurait péri si la Providence n’avait fait en sorte que ses meurtriers se trompassent de chemin.

Pauvre lui-même, il n’oubliait jamais ses frères les pauvres, partageant avec eux ce qu’il pouvait avoir. Souvent même il leur distribuait les offrandes faites pour l’église dans les vases sacrés. Jamais il ne voulut