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« Tous les livres qu’on appelle libéraux, je les ai lus, étant, à cette époque, le misérable esclave de désirs mauvais. Quant à ce qui est de la grammaire et de l’éloquence, de la géométrie, des nombres et de la musique, je l’ai appris aisément sans le secours d’aucun maître. Mais la science, sans la charité, ne fait que nous gonfler au lieu de nous édifier. »

Il était tombé dans l’hérésie des Manichéens, qui niaient la réalité du Christ et la résurrection de la chair. Il persévéra dans cette hérésie pendant neuf ans. Mais, dès l’âge de dix-neuf ans, comme il lisait le livre d’un philosophe où était exposée la vanité du monde, il fut désolé de ne point trouver dans ce livre le nom de Jésus-Christ, dont sa mère l’avait imprégné.

Sa mère, de son côté, pleurait beaucoup et ne négligeait rien pour le ramener à la foi véritable. Or, un jour, elle vit en rêve un jeune homme qui lui demanda la cause de sa tristesse. Elle lui répondit qu’elle pleurait la perdition de son fils. Et l’inconnu lui dit : « Sois sans crainte, car là où tu es, il est aussi ! » L’excellente femme n’en insistait pas moins auprès de son évêque afin qu’il daignât intercéder pour son fils. Et l’évêque, d’une voix prophétique, lui dit : « Sois sans crainte, car c’est chose impossible que Dieu laisse périr l’enfant de tant de larmes ! »

Après avoir longtemps enseigné la rhétorique à Carthage, Augustin vint à Rome et y réunit de nombreux disciples. Sa mère l’avait suivi jusqu’aux portes de Cartilage, résolue à l’accompagner si elle ne parvenait pas à le faire rester. Mais il la trompa, et, la nuit, partit seul, ce dont la pauvre femme eut un grand chagrin. Matin et soir, tous les jours, elle allait à l’église et priait pour son fils.

En ce temps-là, les Athéniens demandèrent à Symmaque, préfet impérial, qu’Augustin leur fût envoyé comme professeur de rhétorique. Mais le jeune homme préféra se rendre à Milan, où se trouvait alors saint Ambroise. Et lorsque sa mère, qui n’avait point de repos loin de lui, vint le retrouver à Milan, elle put constater