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porter la sentence contre lui, lui accorda un délai de huit jours, afin qu’il pût se recueillir et préparer sa défense. Et comme le malheureux s’éloignait, tout tremblant et tout désolé, un inconnu l’aborda et lui demanda la cause de sa tristesse. Et quand il l’eût apprise, il lui dit : « Sois sans crainte, car je te viendrai en aide ! » Le pécheur lui demanda son nom. Et l’inconnu : « Je m’appelle la Vérité ! » Puis un second inconnu promit également son secours au pécheur, et lui dit qu’il s’appelait la Justice. Et en effet, huit jours après, comme Satan reproduisait son premier argument, la Vérité lui répondit : « Il y a deux sortes de mort, la mort corporelle et la mort éternelle. Et la parole que tu cites, démon, ne se rapporte qu’à la mort corporelle, non à la mort éternelle. Car tous meurent quant au corps, mais tous ne meurent point quant à la vie éternelle. » Sur quoi Satan, se voyant vaincu, exposa son second argument ; mais la Justice lui répondit : « En effet, cet homme t’a longtemps servi, mais jamais sa raison n’a cessé de murmurer en lui et de le lui reprocher ! » Alors Satan dit : « Cette âme doit me revenir, car, si même elle a fait quelque bien, la somme de ses péchés est incomparablement plus lourde ! » Alors le Seigneur : « Qu’on apporte les balances, et qu’on y pèse le bien et le mal qu’il a faits ! » Mais la Vérité et la Justice dirent au pécheur : « De toute ton âme, recours à la Mère de Miséricorde, qui est assise à côté du Seigneur, et efforce-toi de te gagner son appui ! » L’homme fit ainsi, et la Vierge Marie, venant à son aide, posa sa main sur le plateau de la balance où se trouvaient les quelques bonnes actions du pécheur. Et en vain le diable essayait de faire pencher le balance de l’autre côté : l’appui de la Vierge prévalut, et le pécheur fut remis en liberté. Après quoi, s’éveillant de sa vision, il fit pénitence et se convertit à une meilleure vie.

V. Dans la ville de Bourges, vers l’an du Seigneur 527, comme les chrétiens communiaient le jour de Pâques, un enfant juif se joignit à eux et reçut la sainte hostie. Rentré chez lui, il rapporta la chose à son père qui,