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LA LÉGENDE DORÉE

Dieu, de telle sorte que, Dieu les ayant abandonnés, le diable s’empare d’eux et les trompe à loisir, jusqu’au jour où leurs âmes se dépouillent de leur corps et se trouvent nues, ne portant avec elles que leurs péchés. » À quoi Égée : « Votre Jésus, pendant qu’il vous apprenait ces sottises, on l’a attaché à la potence ! » Et André : « C’est pour nous rendre notre salut et non pour racheter sa propre faute qu’il a spontanément subi le supplice de la croix. » Alors Égée : « Comment peux-tu dire qu’il ait subi spontanément le supplice de la croix, tandis que nous savons qu’il a été livré par un de ses disciples, et emprisonné par les Juifs, et crucifié par les soldats ? » Alors André se mit à démontrer, par cinq arguments, que la passion du Christ avait été volontaire, car : 1o le Christ avait prévu sa passion et l’avait prédite à ses disciples, en disant : « Voici que nous montons à Jérusalem, etc. » ; 2o il s’était irrité lorsque Pierre avait exprimé le désir de l’en détourner ; 3o il avait affirmé qu’il avait le pouvoir, à la fois, de souffrir et de ressusciter ; 4o il avait désigné d’avance l’homme qui le livrerait, avait rompu le pain avec lui, et n’avait rien fait pour l’éviter ; 5o enfin il s’était rendu dans l’endroit où il savait que le traître viendrait l’arrêter. Et André ajouta que le mystère de la croix était grand. « Ce n’est pas le moins du monde un mystère, mais un supplice ! — lui répondit Égée. — Et si tu refuses de m’obéir, je te ferai goûter, à toi aussi, de ce même mystère ! » — « Si j’avais peur du supplice de la croix, répondit André, je ne prêcherais pas la gloire de la croix. Mais d’abord je veux t’apprendre le mystère de la croix, afin que, peut-être, tu consentes à y croire, et à être sauvé ! »

Et il se mit alors à lui exposer le mystère de la rédemption, lui prouvant, par cinq arguments, combien ce mystère était nécessaire et logique, car : 1o le premier homme ayant suscité la mort au moyen d’un objet en bois, qui était l’arbre du bien et du mal, c’était chose nécessaire et logique que le Fils de l’Homme chassât la mort en mourant lui-même sur un objet de bois ;