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Donat, voyant sa douleur et celle du peuple, réunit les morceaux du calice, pria sur eux, et aussitôt ils se rejoignirent pour reprendre leur forme première. Seul un de ces morceaux fut caché par le diable. Il manque aujourd’hui encore au calice, qui garde ainsi le témoignage du miracle. Et les païens, à la vue de ce miracle, se convertirent au nombre de quatre-vingts, et reçurent le baptême.

IV. Il y avait, près d’Arezzo, une fontaine empoisonnée : quiconque en buvait mourait aussitôt. Et comme saint Donat s’y rendait sur son âne, pour demander à Dieu la purification de l’eau, un dragon terrible sortit de la fontaine, et, enroulant sa queue autour des pieds de l’âne, se dressa contre Donat. Mais celui-ci, l’ayant frappé d’une verge, ou, suivant d’autres, lui ayant craché dans la gueule, le tua sur-le-champ. Puis il pria le Seigneur, et l’eau de la fontaine se trouva purifiée. Une autre fois, comme ses compagnons et lui avaient très soif, il pria le Seigneur, et une source jaillit du sol, sous ses pieds.

V. La fille de l’empereur Théodose, étant possédée d’un démon, fut amenée à saint Donat, qui dit : « Sors, esprit immonde, et cesse de demeurer dans un corps créé par Dieu ! » Et le démon : « Où irai-je, et par où sortirai-je ? » Et Donat : « D’où es-tu venu ici ? » Et le démon : « Du désert ! » Et Donat : « Retourne au désert ! » Et le démon : « Je vois sur toi le signe de la croix, d’où un feu jaillit contre moi. Donne-moi un passage pour sortir et je sortirai ! » Et Donat : « Soit, je te laisserai passer, pour que tu t’en retournes d’où tu es venu ! » Et le démon sortit, en faisant trembler toute la maison.

VI. Un mort était conduit au tombeau lorsqu’un homme survint qui, tenant en main un papier, affirma que le mort lui devait deux cents sous, et déclara qu’il s’opposerait à l’ensevelissement jusqu’à ce qu’on l’eût payé. La femme du mort vint, toute pleurante, rapporter la chose à saint Donat ; elle ajouta que cet homme avait, depuis longtemps, reçu en totalité l’argent qu’il réclamait. Alors le saint marcha vers le cercueil, et, prenant la main du mort, lui dit : « Écoute-moi ! » Le mort répondit : « Je