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du monde ! » Sa parole fut entendue par le cocher du char, qui, aussitôt, la rapporta à Tibère. Et celui-ci, indigné, jeta Hérode en prison. Là, comme le prisonnier s’appuyait un jour contre un arbre sur les branches duquel se tenait un hibou, un de ses compagnons, homme habile en divination, lui dit : « Sois sans crainte, car tu seras vite délivré, et tu t’élèveras si haut, que tes amis en seront jaloux. Mais quand tu verras un oiseau pareil à celui-ci au-dessus de ta tête, cela signifiera que tu n’auras plus que cinq jours à vivre. » Quelque temps après, Tibère mourut. Caïus, devenu empereur, délivra Hérode, et le renvoya en Judée avec le titre de roi. Et Hérode, sitôt rentré à Jérusalem, se mit en quête d’un chrétien qu’il pût tourmenter. La veille du jour des Azymes, il tua de son épée Jacques, le frère de Jean. Puis, voyant que cela était agréable aux Juifs, le jour même des Azymes il fit arrêter Pierre et le fît jeter en prison, avec l’intention de le livrer au peuple après la fête des Pâques. Mais un ange, pénétrant, de nuit, dans la prison du saint, le délivra de ses liens et lui ordonna d’aller reprendre librement sa prédication. Le roi, impatient de se venger, ordonna que les gardiens de la prison, coupables d’avoir laissé échapper Pierre, eussent à subir les peines les plus cruelles. Mais Dieu ne voulut point que la délivrance de Pierre fût pour personne une cause de mal. En effet Hérode, s’étant rendu à Césarée, y fut frappé de la main d’un ange, et mourut.

Voici, à ce sujet, ce que raconte Josèphe, au livre XIX de ses Antiquités : « Hérode, étant venu à Césarée, où l’attendait une grande foule, se vêtit d’une robe brillante, toute tissée d’or et d’argent, et se mit en route pour se rendre au théâtre. Et dès que les rayons du soleil touchèrent la robe, leurs reflets doublèrent l’éclat des deux métaux, si bien que la foule, effrayée, crut voir là l’indice d’une nature plus qu’humaine. Hérode se vit donc entouré de gens qui lui criaient : « Jusqu’ici nous t’avons tenu pour un homme ; mais dès maintenant nous te proclamons un dieu ! » Et, pendant qu’Hérode acceptait avec plaisir ces hommages, il vit soudain, au-dessus de