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SAINT ANDRÉ, APÔTRE

croire : car le fait de la délivrance et de la guérison de saint Matthieu par saint André impliquerait, — chose bien peu vraisemblable, — que ce grand évangéliste n’aurait pu obtenir, par lui-même, ce que son frère André aurait si facilement obtenu pour lui.

II. Un jeune homme de famille noble avait été converti par saint André et s’était attaché à lui, malgré la défense de ses parents : sur quoi ceux-ci mirent le feu à la maison où il demeurait avec l’apôtre. Et comme déjà la flamme s’élevait, le jeune homme versa sur elle l’eau d’un flacon, et aussitôt le feu s’éteignit. Alors les parents dirent : « Notre fils est devenu sorcier ! » Et, ayant approché une échelle, ils voulurent y monter pour s’emparer de leur fils : mais Dieu les rendit aveugles, de telle façon qu’ils ne pouvaient pas voir les degrés de l’échelle. Et un homme qui passait par là leur cria : « Pourquoi vous épuiser en une tâche vaine ? Ne voyez-vous donc pas que Dieu combat pour eux ? Hâtez-vous de céder, de peur que la colère de Dieu ne tombe sur vous ! » Et beaucoup, voyant cela, crurent au Seigneur. Quant aux parents du jeune homme, ils moururent au bout de cinquante jours.

III. Certaine femme, qui était mariée à un assassin, se trouvait en couches et ne parvenait pas à enfanter. Elle dit alors à sa sœur : « Va invoquer pour moi notre maîtresse Diane ! » Mais, au lieu de Diane, ce fut le diable qui répondit. « Inutile de m’invoquer, dit-il à la sœur, car je ne puis rien pour toi. Va trouver plutôt l’apôtre André : celui-là pourra secourir ta sœur ! » Elle alla donc trouver saint André, et l’amena au lit de sa sœur malade. Et l’apôtre dit à celle-ci : « Tu mérites ta souffrance, car tu t’es mal mariée, tu as mal conçu, et, pour comble, tu as invoqué l’aide des mauvais esprits. Mais repens-toi, crois au Christ, et tu enfanteras ! » Et, en effet, la femme ayant cru, elle mit au monde un enfant mort, et sa douleur cessa.

IV. Un vieillard, nommé Nicolas, vint un jour trouver saint André et lui dit : « Maître, voici que j’ai soixante-dix ans, et jamais je n’ai cessé de m’adonner à la luxure.