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la légende dorée

se trouva, un jour, à court d’argent ; et, comme il avait honte de mendier, il trouva sous un arbre, sous lequel il s’était endormi, un pain cuit dans la cendre. Aussi bien avait-il rêvé, dans son sommeil, que saint Jacques se chargeait de le nourrir. Et, de ce pain, il vécut pendant quinze jours, jusqu’à son retour dans son pays. Non qu’il se privât d’en manger à sa faim, deux fois par jour ; mais, le lendemain, il retrouvait le pain tout entier dans son sac.

Autre miracle rapporté par le pape Calixte. Un habitant de Barcelone, étant allé en pèlerinage au tombeau de saint Jacques, lui demanda, comme seule faveur, de n’être jamais retenu prisonnier. Or, comme il s’en retournait par mer, il fut pris parades Sarrasins, qui le vendirent comme esclave : mais les chaînes dont on voulait le lier se brisaient aussitôt. Il fut ainsi vendu et revendu douze fois ; mais, la treizième fois, on lui mit une double chaîne qui ne se brisa plus. Il invoqua saint Jacques, qui apparut et lui dit : « Tous ces maux t’ont été infligés parce que, dans mon église, tu as oublié le salut de ton âme pour ne t’occuper que de la liberté de ton corps. Mais le Seigneur, dans sa miséricorde, m’a envoyé pour te délivrer. » Aussitôt les chaînes de l’esclave se brisèrent, et il revint dans son pays en portant dans ses mains une partie de ces chaînes, comme signe du miracle.

L’an du Seigneur 238, la veille de la fête de saint Jacques, dans la place forte de Prato, située entre Florence et Pistoie, un jeune paysan, d’esprit un peu simple, mit le feu à la grange de son tuteur, qui voulait le dépouiller de son héritage. Arrêté, il avoua sa faute, et fut attaché à la queue d’un cheval. Mais, s’étant voué à saint Jacques, il fut traîné sur un sol pierreux sans que son corps ni même sa chemise eussent aucun mal. On l’attacha ensuite à un poteau, au pied duquel on alluma un grand feu ; mais il invoqua de nouveau saint Jacques et la flamme ne lui fit aucun mal. Les juges voulurent recommencer le supplice, mais la foule le délivra ; et l’on s’accorda pour louer Dieu, et l’apôtre saint Jacques son serviteur.