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de dire à ses vingt-huit compagnons que, ayant manqué à leur serment, ils ne tireraient aucun profit de leur pèlerinage.

Un Allemand qui se rendait avec son fils au tombeau de saint Jacques, en l’an 1020, s’arrêta en route dans la ville de Toulouse. L’hôte chez qui ils logeaient enivra le père et cacha, dans son sac, un vase d’argent. Le lendemain, comme les pèlerins voulaient repartir, l’hôte les accusa de lui avoir volé un vase qui, en effet, fut retrouvé dans leur sac. Le magistrat devant qui ils furent conduits les condamna à remettre tout leur bien à l’hôte qu’ils avaient voulu dépouiller, et il ordonna, en outre, que l’un des deux eût à être pendu. Après un long conflit où le père voulait mourir pour son fils et le fils pour son père, ce fut le fils qui l’emporta. Il fut pendu, et le père, désolé, poursuivit son pèlerinage. Lorsqu’il revint à Toulouse, trente-six jours après, il courut au gibet où pendait son fils, et commença à pousser des cris lamentables. Mais voilà que le fils, lui adressant la parole, lui dit : « Mon cher père, ne pleure pas, car rien de mauvais ne m’est arrivé, grâce à l’appui de saint Jacques qui m’a toujours nourri et soutenu ! » Ce qu’entendant, le père courut vers la ville ; et la foule détacha de la potence son fils, qui se trouva en parfaite santé ; et ce fut l’hôte qu’on pendit à sa place.

D’après Hugues de Saint-Victor, un pèlerin, qui se rendait au tombeau de saint Jacques, vit le diable lui apparaître sous la forme du saint ; et le faux saint Jacques, après lui avoir exposé les misères de la vie terrestre, l’engagea à se tuer en l’honneur de lui. Le naïf pèlerin prit son épée et se tua sur-le-champ. Et déjà la foule allait mettre à mort l’hôte chez qui il demeurait, et que l’on, soupçonnait d’être son assassin, lorsque soudain le mort, revenant à la vie, raconta que, au moment où le démon le conduisait en enfer, le vrai saint Jacques était intervenu, et avait sommé les démons de lui rendre la vie.

Hugues, abbé de Cluny, nous raconte un autre miracle de saint Jacques. Un jeune homme du diocèse de Lyon, qui avait une grande dévotion pour le saint et