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et je te donnerai comme consolation la société de mon serviteur Paul, qui, dès demain, arrivera à Rome. » Sur quoi Pierre, comme le raconte Lin, devinant que la fin de son pontificat approchait, se rendit à l’assemblée des fidèles, prit par la main Clément, l’ordonna évoque, et le fit asseoir dans sa chaire. Le lendemain, ainsi que le Seigneur l’avait annoncé, Paul arriva à Rome, et, en compagnie de Pierre, commença à y prêcher le Christ.

Cependant le magicien Simon était si aimé de Néron qu’on savait qu’il tenait entre ses mains les destinées de la ville entière. Un jour, comme il se trouvait en présence de Néron, il avait su changer son visage de telle sorte que tantôt il paraissait un vieillard, et tantôt un adolescent : ce que voyant, Néron avait cru qu’il était vraiment le fils de Dieu. Un autre jour, le magicien dit à l’empereur : « Pour te convaincre que je suis le fils de Dieu, fais-moi trancher la tête ; et, le troisième jour, je ressusciterai ! » Néron ordonna à son, bourreau de lui trancher la tête. Mais Simon, par un artifice magique, fit en sorte que le bourreau, croyant le décapiter, décapita un bélier ; après quoi, il cacha les membres du bélier, laissa sur le pavé les traces du sang, et se cacha lui-même pendant trois jours. Le troisième jour il comparut devant Néron, et lui dit : « Fais effacer les traces de mon sang sur le pavé, car voici que je suis ressuscité, comme je te l’ai promis ! » Et Néron ne douta plus de sa divinité. Un autre jour encore, pendant que Simon était auprès de Néron dans une chambre, un diable qui avait revêtu sa figure parla au peuple sur le Forum, Enfin il sut inspirer aux Romains un tel respect qu’ils lui élevèrent une statue, sous laquelle fut placée l’inscription : « Au saint dieu Simon. »

Or Pierre et Paul, s’étant introduits auprès de Néron, dévoilaient tous les maléfices du magicien ; et Pierre, notamment, disait que, de même qu’il y a dans le Christ deux substances, la divine et l’humaine, de même il y avait en Simon deux substances, à savoir l’humaine et la diabolique. Et Simon déclara : « Je ne souffrirai pas plus